Discussion et punition [ft. Sirius]

Un regard moqueur perceptible à travers les verres de ses lunettes, James reposa l'imposante médaille qu'il astiquait sur l'étagère où elle prenait place. Il dévisagea avec défi le concierge qui les surveillait, et, la tête haute, recoiffa ses cheveux noirs en arrière, avant de prendre dans ses mains un petit trophée représentant une boule de cristal en bronze. Il le frotta vigoureusement avec son chiffon enduit de ce produit moldu à faire briller le métal, tandis que leur surveillant annonçait qu'il partait faire une ronde en fermant la solide porte en bois à clé derrière lui.
James rit doucement, et souffla à Sirius, qui se trouvait non loin de lui :
"Enfin seuls !

Le gryffondor se fichait éperdument d'avoir été contraint à passer sa soirée à astiquer sans l'aide de la magie l'imposante Salle des Trophées. Il l'avait mérité, non ? Et puis, ça lui donnait l'occasion d'encore et toujours se faire voir par ses camarades.
Il avait eu une bonne idée que celle de poser, en compagnie de Sirius, une bonne dizaine de marécages portables dans le couloir du deuxième étage, afin de pouvoir y attirer des Fangieux et de les élever pour qu'ils mangent les orteils des Serpentards. Il s'était particulièrement bien amusé, et il avait ainsi pu montrer à ces idiots de compatriotes de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer le nom de quoi les Gryffondors pouvaient être capables.
Certes, il y avait plus réjouissante perspective que celle de passer les deux prochaines semaines en retenue, mais James voyait encore avec ses yeux de gamin immature et de joyeux imbécile que c'était là un moyen d'entrer dans l'histoire de Poudlard.

Il brandit au-dessus de sa tête la coupe de Quidditch, qui, comme l'indiquait la plaque gravée, avait été remportée par Poufsouffle en 1953, et agrippa Sirius par l'épaule.
"Cette année elle sera pour nous !", annonça-t-il d'un air grave, avant d'éclater de rire.
Il frotta énergiquement le trophée, et le reposa à sa place.
James lança un bref regard à son ami, et ajouta, plus sérieusement :
"Fais quand même attention à ne pas trop en faire pendant les entraînements !"
Il donna une petite tape sur le dos de son meilleur ami, et continua :
"Je t'ai vu dans les vestiaires et... enfin... ne vas surtout pas croire que je te mate, hein !... Enfin, bref, j'ai pu voir que t'avais l'air d'être assez mal au point. Je ne sais pas si c'est les cognards, mais..."
Il soupira légèrement et termina :
"... Fais attention Sirius. S'il te plait."

James fit une boule de son vieux chiffon rapiécé, qu'il lança sur son camarade, comme s'il s'agissait là d'un de ces souaffles qu'il avait l'habitude de manipuler lors de ses entraînements, et s'esclaffa.
"Même si l'équipe de Gryffondor a le meilleur poursuiveur du monde, il serait dommage qu'elle soit privée du meilleur batteur du moment !", finit-il par ajouter avec un clin d'œil.

Sirius, qui était juste derrière son parfait frère inséparable, était en train de frotter un trophée en grimaçant, repoussant quelques mèches sombres en arrière tout en continuant de frotter cette tâche qui ne voulait quitter sa place. Elle était là depuis combien de temps, cette foutu tâche ? Il la frotta plus vigoureusement avec le tissu, serrant les dents, avant que la coupe ne commença enfin à briller. Il entendit son super frère lui soufflé quelque chose et, en relevant la tête, il remarqua en effet que le surveillant était partie faire un tour plus loin.

« Enfin ! Je pensais qu’il n’allait jamais nous quitter des yeux, le grincheux. »

Il se tourna vivement vers James pour lui faire face, la coupe encore à main en train de la frotter en souriant. Oui, les professeurs n’avaient pas aimé leur petit tour fait aux Serpentards, et alors ? Ça avait été tellement drôle à monter que il ne pouvait s’en vouloir ! Surtout que laver les trophées, avec son Jamousette préféré, ça n’avait rien d’une punition pour lui. Tant qu’il était avec James, c’était l’importance. Des frères inséparables, comme on disait. C’était très rare de voir l’un sans l’autre dans le coin. Ouais, deux semaines en retenus, c’était chiant et long, mais bon, c’était rien comparé aux visages des Serpentards qu’il avait piégés ! C’est foutu partisans de Voldemort n’avait qu’à bien se tenir ! James et Sirius était dans la pièce et n’allait rien laisser au hasard. Se sentant aggripé par son Bro’ , Sirius tourna la tête vers lui avant de la lever vers la coupe que James montrait du doigt. Il éclata de rire joyeusement.

« Eh ouais, Jamousette ! Pas question qu’on la laisse passé cette année, la coupe, elle serra à nous ! »

Puis finissant de laver cette foutu coupe qui n’avait pas voulu tantôt, il la reposa dans son coin, avant de fixer James l’air perplexe, haussant un sourcil. Trop s’entrainer… ? Puis, il entrouvrit les lèvres, lentement. Oh. Bien-sûr que James allait finir par les remarques, ces marques. Surtout cette année. Ces bleus, ces cicatrices, étaient encore plus profondes qu’avant. L’été avait été horrible en compagnie de ses parents, je vous raconte même pas. Ça serait bien que ce soit les cognards. Non, Sirius n’est pas idiot, mais tout serait mieux que ses propres parents le battant. Ouais.

« Me mater ? Non, tes trop occupé à mater Lily ! », dit-il en rigolant un peu, malgré qu’il fixait ailleurs.

Faire attention. Si seulement ça serait aussi facile que ça. Il attrapa rapidement le chiffon au vol, riant légèrement à son stupide meilleur ami. Il adorait l’énervé avec Lily, parce que bon… C’était juste trop drôle le voir faire. Il lui relança le chiffon en plein visage, riant :

« Vous avez besoin de moi pour gagner ! Sans moi, vous n’aurez plus de beau mec pour distraire les joueurs ! »

Sirius rigola un peu, doucement, passant sa main dans ses cheveux lentement pour les replacer, avant de prendre un nouveau trophée à nettoyer.

« T’inquiète, ça finira par partir, mes blessures. Ça arrive juste durant l’été. »

Parce que à noël, soit il resté à Poudlard, soit il s’enfuyait chez James, le plus souvent possible. Ouais, il fuyait le plus possible sa famille, lors des autres temps de vacances. C’était mieux pour lui, autant que pour eux de ce voir le moins possible.