Milly n’est pas quelqu’un qui hésite avant d’agir. Bien au contraire, si elle compte faire ou dire quelque chose, autant ne pas attendre, parce qu’après il y a toujours la possibilité d’avoir des doutes, et une hésitation. Et du coup, un échec, des regrets. Et c’est pas vraiment ça qui aide à se sentir bien dans la vie. C’est une des choses les plus importantes à ses yeux, le bien-être. Selon elle.

Parce qu’elle fait ce qu’elle veut, en fait. Si pour se sentir bien elle a besoin de s’acheter de nouvelles chaussures, elle le fera, si pour se sentir bien elle doit s’enfiler quatre pintes de bières d’affilé, elle le fera. Parce que c’est comme ça qu’on est censés vivre. Comme on veut. À quoi ça sert, sinon ? Les lois, les règles, ça sert pas à grand-chose d’autre que de mettre des barrières. Bon faut pas déconner, il y a des règles  un minimum importantes. Genre non, Milly ne tuerait jamais personne.

Parce qu’elle a comme simple principe de ne pas faire aux autres ce qu’elle n’aimerait pas qu’on lui fasse. C’est logique, quand même. Est-ce que ça veut dire qu’elle est gentille avec tout le monde ?  …Non, pas du tout. Parce qu’elle, ça ne la dérange pas qu’on l’insulte ou quoi, ça la fait rire. Qu’on la pousse ou la tape, fort ou pas, elle rétorquera toujours plus fort. Mais pas exemple, elle n’aimerait pas qu’on ne brûle tous ses vêtements.  Ah bah non. Ça c’est nul et pas drôle du tout. Mais quoi qu’il en soit, elle saura toujours s’amuser.

Presque toujours. Mucoviscidose, c’est pas un mot qu’on entend tous les jours, c’est pourtant une des maladies héréditaires rares les plus courantes en Europe. Ce qui ne la rend pas moins rare, hein. Cette maladie, c’est peut-être ce qui la fait faire absolument tout ce qu’elle veut. Une vie, c’est court. La sienne, elle le sera encore plus. Elle ne sait peut-être pas précisément combien d’années il lui reste, elle ne veut pas le savoir. Elle essaie bien de feindre l’indifférence, mais ce n’est pas bien difficile de comprendre que passer près d’une demi-heure aux toilettes plusieurs fois par semaine, voire plusieurs fois par jour, c’est tout aussi peu génial que ne pas être capable de manger trop sans cracher du sang ou aller rendre son repas. Elle fait vraiment tout pour oublier ça, mais après, c’est pas comme si c’était facile. Donc moins elle en entendra parler, mieux elle se portera.

Tromsø, 12 juillet 1950. Les Losnedahl sont une famille de sorciers aux moyens plutôt importants,  et pour cause, ils descendent d’une vieille famille de sorciers de Sang-Pur, changée depuis quatre générations en famille de Sang-Mêlé. Ça n’a jamais eu de soucis avec ça pour qui que ce soit dans la famille. Sauf à Milly. Car cette petite madame moldue, c’était apparemment elle qui portait en elle ce gène qui a rendu ses descendants et par la suite Milly malade, dès ses premiers jours. Elle eut donc une enfance très surveillée par ses parents, et ça l’agaçait de se sentir aussi protégée, déjà assez jeune. Mais c’est aussi très jeune qu’elle développa son premier signe de magie et son premier don. L’Oniromancie. Petite, elle croyait bien que ce n’était que des rêves, sans signification. Mais après en avoir parlé à ses parents, ils lui parlèrent pendant bien longtemps du fait que c’était quelque chose de très important, et très significatif. C’était aussi quelque chose d’héréditaire, mais visiblement plus important et agréable que la mucoviscidose. Elle s’exerça donc, progressivement et à l’aide de son père, à comprendre la signification de ses rêves.

Son enseignement, à Durmstrang, ne se passa pas mal. Du tout. Le seul souci, ce fut sa santé fragile. Elle devait vraiment faire attention, mais ça l’énervait plus qu’autre chose. Alors une fois qu’elle eut finit l’école ses études plus poussée en divination, elle en eut plus qu’assez, et décida de partir. Loin. Dans le nord, un voyage, seule, parce qu’elle en avait assez de tout le monde. Elle pensait pouvoir le faire, avec son gros sac à dos, son sac de couchage, ses provisions. Mais non. Cette fichue maladie. Elle manqua d’y rester, et honnêtement, elle aurait préféré. Alors elle passa plusieurs années seule, enfermée chez elle, principalement dans sa chambre, à dormir, parce que c’était le moment où elle se sentait le mieux. À rêver, à comprendre des choses.

Ce n’est que depuis peu qu’elle décida de sortir de sa chambre. De chez elle, elle était plus ou moins déterminée à vivre normalement. Et c’est son père qui lui parla d’un emploi qui s’était libéré  à Poudlard, en Angleterre. Bien sûr qu’elle connaissait cette école, une branche de leur famille était allée là-bas. L’anglais ? Elle avait des bases, mais ne pratiquait pas souvent. Mais elle apprenait vite. Comme le fait d’être professeur, ce n’était pas compliqué. Du fait qu’elle n’avait pas de diplôme de professeur, elle considéra avoir de la chance d’avoir été engagée, et elle ferait de son mieux, maladie ou pas. Elle y arriverait, un point c’est tout.